Vendeurs de rêves, d’Alice Babin, publié aux éditions L’Alchimiste, a remporté la troisième place du prix littéraire de la Société des Jeunes Éditeurs. Et pour cause : c’est un roman d’une très grande qualité. 

L’histoire se déroule dans un futur proche. Une nouvelle technologie vient d’arriver sur le marché, permettant aux personnages, s’ils sont prêts à en payer le prix, de choisir leurs rêves. Le roman nous raconte comment Léo se trouve affecté par ce nouveau procédé. Bientôt, c’est toute sa famille qui est entraînée à la suite d’un futur avançant (peut-être) trop vite pour que les humains fassent le poids contre cette nouvelle technologie. 

Ce roman est une véritable étude scientifique sur un futur possible. Le point central de l’intrigue, c’est l’onithérapie (la science permettant de choisir ses rêves), et les différents personnages ne sont là que pour montrer toutes les façons possibles de réagir à cette nouvelle technologie. À cause de cela, ils manquent de profondeur, mais ils n’en sont pas moins attachants et intéressants. Le lecteur à vraiment envie de savoir jusqu’où l’histoire va aller et dans quelles dérives les personnages vont tomber. Le suspense fait son effet, n’en dévoilant ni trop ni pas assez. Il faut néanmoins préciser que l’histoire prend du temps à se mettre en place, ce qui rend d’autant plus dommage le fait que le caractère des personnages soit réduit à quelques traits grossiers. 

Le principal point négatif de ce roman, qui est en lien avec le manque de profondeur des personnages, ce sont les dialogues. Ils sont trop travaillés, le parler des personnages ne correspond pas assez à ce qui est dit d’eux. Parfois, ils sont d’ailleurs un peu trop descriptifs et manquent de naturel. À plusieurs reprises, les personnages se disent des choses qu’ils savent déjà, lors d’échanges qui ont pour unique but d’informer le lecteur. 

Mais cet aspect n’empêche pas le roman d’être très bon. Ce que j’ai particulièrement aimé lors de ma lecture, et qu’apprécieront les lecteurs de science-fiction, c’est la façon dont l’onithérapie, cette science permettant de choisir ses rêves, est présentée. Les explications données pour la justifier sont parfaitement crédibles. La multitude de personnages permet d’observer cette nouvelle technologie selon tous ses aspects, et de décrire plusieurs rêves ainsi que leurs conséquences. L’approche de cette science n’est ni totalement pessimiste, ni totalement positive : comme chaque invention humaine, elle possède des qualités et des défauts qui la rendent passionnante à étudier. 

Et, comme l’onithérapie, ce livre est passionnant, grâce à ses qualités et malgré ses défauts. Il reste en tête et, si son début est accrocheur, la suite lui rend hommage. En bref, c’est une très belle découverte qui donne envie de lire le dernier roman de l’auteure : Happycratie.