Éditeurs & libraires associatifs #1 – Astérya, par Lucie

Éditeurs & libraires associatifs #1 – Astérya, par Lucie


Être éditeur, c’est parfois vouloir mettre ses compétences au service d’une noble cause! C’est le cas de Lucie qui a participé à l’édition du Guide pour agir sur toutes les lignes de l’association Astérya et nous explique comment on se débrouille en tant qu’éditeur associatif et à quel point cette expérience bénévole peut aussi permettre de progresser dans sa carrière professionnelle!

Pour commencer, qu’est-ce qu’Astérya et le Guide pour agir sur toutes les lignes

Astérya est une association qui existe depuis 2014 et qui se donne pour but d’encourager l’engagement citoyen. Pour cela on a plusieurs outils : des cafés thématiques où des associations viennent participer en rapport à la thématique, les connecteurs citoyens où on accompagne personnellement ou en groupe des publics isolés (personne en situation de handicap, personnes migrantes, personnes en réinsertion…) mais également ceux qui en ont besoin. On a également un pôle vidéo où on montre des thématiques ou des personnes qui nous inspirent, et un pôle recherche qui réfléchit à tous ces sujets ! 

Et évidemment, il y a également le Guide… On a conçu ce projet en partant de deux points : le guide Agir à Lyon édité par l’association amie Anciela et le constat qu’il y avait plein de manière de s’engager à Paris et aux alentours, que les gens voulaient agir mais qu’ils ne passaient pas forcément à l’acte parce que c’était compliqué de trouver SON association. On a donc édité ce guide qui regroupe plus de 1000 associations, collectifs, coopératives… présents à Paris et dans les villes desservies par le métro. Mais ce n’est pas un simple annuaire ! Notre envie était de partir des centres d’intérêts des personnes, on a donc organisé le livre par thématiques, nous en avons identifié 16 comme la Culture et l’éducation, le Numérique libre, la Protection animale, Entraide et discrimination ou encore Agriculture et alimentation. Et à l’intérieur de ces thématiques, nous avons des manières d’agir, c’est à dire des actions pour s’engager, avec plein de contacts vérifiés ensuite !

Peux-tu nous décrire ton rôle dans l’asso et dans la publication du Guide?

Au niveau de l’association, j’en suis une des administratrices, c’est à dire que je participe aux décisions structurelles ou financières concernant l’association avec tout le conseil d’administration composé de personnes impliquées dans l’association. 

Et au niveau du guide j’ai été engagé sur tout le projet puisque je l’ai rejoint dès le début en juin 2016 et j’y suis encore aujourd’hui ! Nous nous sommes divisé.e.s en pôles pour s’organiser : pôle collecte d’infos, rédaction, soirée de lancement, distribution, graphisme… J’étais dans le pôle collecte d’infos et maintenant que le livre est sorti, dans celui de la distribution du guide. Mais chacun participait aux décisions concernant l’ensemble du guide. 

Quels sont les enjeux d’un projet éditorial associatif comme le Guide pour agir sur toute la ligne? (comment concevoir un projet édito sans forcément être éditeur pro, comment gérer les coûts de fab quand on a un prix libre, comment gérer la distribution…)? 

Je vais essayer de répondre de manière organisée, mais ce n’est pas évident parce qu’on ne l’était pas tant que ça… On découvrait tous, j’avais déjà eu quelques expériences en édition mais dans des structures déjà bien organisées donc on se coule dans le moule sans en connaître forcément tous les tenants et aboutissants.

Je ne crois pas qu’on s’était déjà considéré comme « éditeurs associatifs » puisque ce ne devrait être qu’ « occasionnel » normalement ! 

Financièrement, les enjeux sont importants comme dans une petite maison d’édition où chaque livre compte car on n’en fait pas d’autres pour équilibrer le tout… Nous n’avons pas non plus de contrat préférentiel avec des imprimeurs, et surtout comme tu le soulignes, on a fait le choix de vendre le livre à prix libre. Nous voulions rester cohérent avec notre démarche de toucher tout le monde, mais pour calculer notre point mort nous avions fixé un coût moyen. Cependant, un changement d’imprimeur à la dernière minute et des obligations de date de sortie font que nous avons validé l’impression à un prix plus important que prévu. 

Pour la conception du projet, nous avions beaucoup réfléchi au projet en pensant en premier lieu au lecteur, à la manière dont on souhaitait que le livre soit utilisé et on est donc parti sur cette organisation par thématiques qui a été très mouvante au fur et à mesure de notre « collecte d’infos » qui consistait à la prise de contact avec les associations que l’on trouvait (via les maisons des associations, internet, nos connaissances…). Je pense qu’on peut dire que le mot clé était : adaptabilité ! Nous avions défini au départ environ 250 pages, nous avons fini à 400… Autant dire que ça a un peu changé le CEP (qui n’existait pas en tant que tel) !

Je rajoute également qu’on a été éditeurs et éditrices mais également auteur.e.s ! Le guide a entièrement été rédigé par le pôle rédaction du guide, qui a fourni un travail énorme pendant très peu de temps, et il y a ensuite eu des relectures multiples par différent.e.s membres du projet. C’est ensuite moi qui ai relu l’ensemble sur épreuves en relation avec la graphiste. 

Nous avons travaillé avec une super graphiste, Laetitia Queste, la seule personne rémunérée sur ce projet que nous avons embauché suite à un appel à projet. Elle nous a proposé une magnifique maquette et de nombreux pictos que nous validions au fur et à mesure, et a ensuite monté tout le texte. Il y a eu de nombreux échanges de fichiers Indesign pour que je mette directement mes corrections dessus, ça n’a pas toujours été évident avec les différentes versions de ce logiciel ! 

Et enfin, la distribution ! Eh bien, c’est encore de l’impro, beaucoup d’inventivité et du culot. Le Guide étant à prix libre il ne peut être distribué dans un circuit classique de librairies. Nous sommes donc une armée de bénévoles et de permanents de l’association à trouver différents moyens de vente : participation à des événements, création d’événements, tissage de liens avec des commerçants ou des acteurs du guide qui deviennent nos ambassadeurs en proposant le livre à la vente dans leur locaux, développer la vente sur internet… En tous cas, on est toujours à la recherche de monde, on est sympas et on fait souvent nos réunions autour d’une bière ! 😀

UN PEU PLUS SUR TOI

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Par ailleurs est ton parcours (universitaire et professionnel) ? 

J’ai un parcours assez classique : une licence de lettres à Paris-Diderot où j’ai pu suivre un parcours édition en même temps qui m’a permis de faire mon premier stage chez Gallimard Loisirs dans l’équipe des Géoguides pendant 6 mois. J’ai ensuite intégré le master 1 de la Sorbonne, j’ai fait un stage à La Découverte et aujourd’hui je suis en master 2 CREM à la Sorbonne et en alternance chez Dunod, dans le secteur du grand public (du pratique) et particulièrement dans le domaine de la psychologie, du bien-être et du développement personnel. C’est un lancement de secteur donc c’est super intéressant et très formateur !

Comment ton rôle d’éditeur associatif et celui d’apprentie chez Dunod sont liés? (est-ce que travailler pour Astérya t’a aidé à obtenir ton poste, est-ce que tu retrouves le même type de compétence etc.) Et comment tu concilies les deux?) 

Ils ne sont pas liés directement mais les deux expériences s’enrichissent évidemment, j’ai beaucoup appris avec le guide et surtout j’ai rencontré des gens avec qui je peux retravailler ensuite, par exemple en ce moment je travaille sur un ouvrage pour Dunod avec la graphiste du guide ! Mon expérience associative a sûrement joué dans mon embauche mais également pour mon entrée au master de la Sorbonne où mon entretien n’a quasiment porté que sur Astérya. 

Ce que tu préfères dans ton métier d’éditeur asso/privé et ce que tu aimes le moins ?

Je vais diviser ma réponse en deux car les deux domaines sont vraiment très différents !

Mon travail d’éditrice a proprement parler dans l’association est plutôt fini aujourd’hui mais j’ai beaucoup aimé la liberté qu’on avait, les contraintes budgétaires arrivaient en second plan le plus souvent et il y avait des échanges avec tous qui étaient très enrichissants. Le revers, c’est l’imprévu qu’on ne sait pas toujours gérer mais qui donne lieu à une obligation de créativité !

Dans le privé, j’adore le fait de coordonner les différents intervenants, la création de maquette et vraiment « donner vie » à un livre, me dire qu’il n’est plus vraiment le même avant et après que je l’ai relu, mis en page… et j’espère plus le même en mieux ! 

Ce que j’aime le moins c’est l’exigence de quantité et donc la difficulté à suivre correctement les nombreux titres en production… 

Des idées préconçues que tu avais par rapport au monde de l’édition et qui se sont révélées complètement fausses ?

Je crois que mes idées préconçues (l’édition c’est à Paris, on gagne pas beaucoup) étaient plutôt vraies !  Peut-être sur le côté prospection et parfois même construction du livre, l’éditeur a parfois une place beaucoup plus importante que je ne pouvais le penser. 

Des conseils pour ceux qui cherchent à travailler dans le monde du livre ? 

Faire des stages, rencontrer des gens, ne pas hésiter à appeler, à rappeler, être soi-même et passionné par ce qu’on fait !

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