
La Foire du Livre de Francfort #2 : Julie
C’est au tour de Julie Bierling, employée aux Relations Internationales de la Foire du livre de Francfort, de nous raconter la Foire :
Deux bonnes semaines sont passées depuis la fin de la 69e édition de la Foire du livre de Francfort, c’est à peine suffisant pour se remettre de ses émotions, mais il est pourtant grand temps de faire un petit retour en arrière et de revenir sur l’événement… Et quel événement !
Bien que la Foire du livre de Francfort soit avant tout une foire professionnelle, où l’activité principale consiste à vendre et à acheter des licences et des droits, je me concentrerai sur un aspect plus culturel et festif : la présence française et l’organisation de l’événement inédit « Francfort en français » (la dernière fois que la France était le pays invité d’honneur à Francfort, c’était en 1989… alors vous comprendrez mon enthousiasme d’avoir été là !)
Cette année, ce n’est pas seulement la France mais surtout la langue française qui est au cœur de la manifestation. 180 auteurs francophones se sont rendus à Francfort pour l’occasion, plus de 350 manifestations ont eu lieu sur la foire et dans la ville de Francfort début octobre. Et oui, parce que le projet du pays invité d’honneur est un projet de longue haleine, qui se prépare de nombreuses années en avance et qui ne se limite pas aux différents halls de la Messe Frankfurt*, mais qui est ancrée au cœur de la ville de Francfort, dans les librairies, les musées et les institutions culturelles allemandes… Francfort, en octobre, vit au rythme de la Buchmesse** et cette année, aux couleurs de la France et au ton de la francophonie. Quel coup de projecteur pour un pays déjà si connu sur la scène internationale… Si le risque d’un tel projet est de renforcer les clichés, il est aussi l’occasion de faire découvrir la diversité culturelle française à un public curieux et en demande. Dans le pavillon d’honneur, plus de 2000 m2 sont dédiés à la culture et la littérature française : on découvre avec plaisir un espace lumineux, aux couleurs vives (un tapis jaune !), une vaste bibliothèque regroupant plus de 30 000 livres, deux scènes dédiées aux rencontres d’auteurs, une presse de Gutenberg sur laquelle les auteurs impriment les premières pages de leurs oeuvres… On se perd avec plaisir dans le dédales des étagères en bois clair, passant de l’exposition de BD à l’Abécédaire des illustrateurs de jeunesse, avant de s’essayer à une expérience de lecture augmentée ou d’en apprendre plus sur la particularité du droit d’auteur français. Pour les visiteurs internationaux, on emprunte volontiers une traduction du français à l’exposition « Books on France » qu’on lit dans l’un des fauteuils mis à disposition (super occasion de se reposer les pieds !). Le tout est un gigantesque fourmillement de livres, de littérature, d’idées, de discussions de belles rencontres… on ne s’arrête plus et on ne demande qu’à continuer !
L’implication de nombreux jeunes professionnels donne un visage jeune à notre belle/vieille France : c’est un groupe d’étudiants de l’école de design de Saint Étienne qui est à l’origine de l’architecture du pavillon, une équipe bénévole de jeunes de l’Office franco-allemand pour la Jeunesse et de l’Université franco-allemande guide les visiteurs au sein du pavillon et accompagnent les auteurs à leurs différentes rencontres et lectures, les étudiants de l’École de cuisine Ferrandi travaillent au restaurant (la gastronomie française était naturellement aussi au rendez-vous !), les étudiants de l’école d’art parisienne Estienne peignent la façade vitrée du pavillon de citations notées à l’envolée au cours des différentes discussions… Si on est impressionné par la présence de grands pontes de la littérature française (la deuxième sélection du prix Goncourt s’est déroulée en huit clos dans une salle de la foire et a été dévoilée sur la grande scène du pavillon le mercredi midi en présence des 12 membres du jury), on apprécie d’autant plus la présence d’une délégation d’auteurs et d’illustrateurs de littérature jeunesse et de bandes dessinées, ambassadeurs dynamiques d’une partie de la branche du livre française. Le soir à partir de 17h, il est temps de se détendre avant la fermeture de la foire et de clore la journée autour d’un verre et d’un petit apéro offert par les différentes régions françaises. Clore la journée, que dis-je? Commencer la soirée plutôt ! Les soirées sont partie intégrante de l’expérience francfortoise : entre les lectures sur la péniche Passerelle ou à la Literaturhaus, les soirées des éditeurs ou les soirées littéraires, musicales et électroniques en tout genre, on ne sait plus ou donner de la tête !
Si l’expérience était à décrire en un mot, je dirais inoubliable ! Je n’ai qu’une hâte, c’est d’être à l’année prochaine, qui s’annonce très différente mais tout aussi passionnante : c’est la Géorgie qui présentera sa culture, sa littérature, mais aussi son écriture.
S’il n’y avait qu’une ou deux choses à retenir… Pour faire bref :
Un coup de cœur : la soirée BD & Electro au Mousonturm le vendredi soir. Quatre groupes français se sont succédé sur scène, le tout illustré (et projeté en live) par des auteurs de bandes dessinées français et allemands.
À garder pour l’année prochaine : pour la première année et dans le cadre de « Francfort en Français », un stand collectif d’éditeurs francophones d’Afrique et de Haïti était présent dans le hall des éditeurs internationaux (5.1). Les 22 éditeurs présents ont pu présenter leur métier et défendre leurs publications tout au long des 5 jours de Foire.
Ce que l’on regrette : les éditeurs français présents dans le hall international (5.1) ont déserté leurs stands à partir du samedi matin, ce qui a naturellement irrité les nombreux visiteurs du weekend…
** Foire de Francfort
** Foire du livre
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