
Les robots vont-ils remplacer les auteurs ?
De nombreux métiers, notamment ceux qui sont répétitifs et mono-tâches, semblent menacés par la robotisation, mais qu’en est-il des métiers artistiques et plus précisément des métiers de l’écriture ? Petit tour d’horizon de ce qu’il se fait déjà en matière de robots auteurs !
1. Google a tenté de créer un robot poète… c’était nul

© wikimedia commons
Google adore les intelligences artificielles, et ses chercheurs ont ainsi mis au point une machine à laquelle ils apprennent à lire, notamment des romans d’amour. Depuis, l’IA se sent une âme d’auteur et s’est donc essayée aux poèmes, extraits :
i went to the store to buy some groceries.
i store to buy some groceries.
i were to buy any groceries.
horses are to buy any groceries.
horses are to buy any animal.
horses the favorite any animal.
horses the favorite favorite animal.
horses are my favorite animal.
he said.
« no,« he said.
« no, » i said.
« i know, » she said.
« thank you, » she said.
« come with me, » she said.
« talk to me, » she said.
« don’t worry about it, » she said.
Bien que la répétition semble être la figure de style préférée de l’IA de Google, le poème reste au final peu intéressant, voire un peu nul… Les poètes ont de beaux jours devant eux.
2. Google (encore eux) a peut-être transformé son IA en auteur de romans à l’eau de rose

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Ce n’est pas pour rien si l’IA de Google est nourrie à grands coups de romans d’amour (en mai dernier, elle en avait ingurgités près de 3 000). En effet, le style de ces romans et leurs histoires suivent régulièrement la même trame. Si au départ ces très intenses séances de lecture étaient censées aider l’IA à s’exprimer de façon plus humaine (en ingérant des suites de phrases cohérentes sans se prendre la tête sur l’histoire en elle-même), il semblerait qu’à force de lire et de reproduire, l’IA soit en passe de pouvoir écrire son premier roman d’amour. Mais à proprement parler, il s’agirait plutôt d’un patchwork « cohérent » de ce qu’il a déjà lu afin de créer une histoire, d’une imitation plus que d’une création pure.
3. Quand une IA s’essaie à l’écriture d’un scénario

© youtube
Le réalisateur Oscar Sharp et le chercheur en IA Ross Goodwin ont décidé de mettre en place un algorithme capable de générer le scénario d’un court-métrage. L’IA, que les deux hommes ont appelée Benjamin, a ainsi créé le scénario d’un court métrage de 9 minutes.
Pour pouvoir l’écrire, Benjamin a lu beaucoup de scénarios d’œuvres de science-fiction, notamment 2001, l’Odyssée de l’espace, Le Cinquième élément, les épisodes d’X-Files, Ghostbusters ou encore Interstellar. Tout ce savoir emmagasiné aurait dû lui permettre de générer une histoire à peu près cohérente, mais les deux premières phrases du court métrage final donnent le ton :
«- Dans un futur où règne le chômage de masse, les jeunes gens sont forcés de vendre leur sang
– Tu devrais voir le garçon et te taire. Je suis celle qui était censée avoir 100 ans »
Puis le pire arrive, l’un des personnages principaux vomit un œil, et personne ne se demande pourquoi…
De nouveau, une IA semble donner dans l’absurde. Le manque de cohérence, dû au fait qu’elles ne peuvent qu’imiter les œuvres qu’elles ont lues, est le problème récurrent des IA auteurs.
4. Une IA a massacré Harry Potter (mais c’était drôle)

© warner bros / harry potter
Quand on voit les premiers pas des IA en matière de créations écrites, on peut se permettre d’attendre le pire de celle qui a pour but d’écrire une suite à Harry Potter. Max Deutsch, un passionné d’informatique, a ainsi créé une IA capable de générer des extraits inspirés par les quatre premiers tomes d’Harry Potter. Il explique son processus :
“J’ai fait lire à un ordinateur avec le Long Short Term Memory, un réseau de neurones récurrents artificiels (un puissant ensemble d’algorithmes), les quatre premiers tomes de la saga Harry Potter. Après, je lui ai demandé de produire des chapitres basés sur ce qu’il avait appris.”
Quelques extraits :
« Cela dit que tu m’accuses, quelqu’un voudrait se venger. A Ron. Dumbledore va apparaître de derrière un gâteau à la crème. »
« Le sort tenta soudainement de croire ce qui était une pierre de trop de gens. Harry se retourna pour se ternir derrière lui-même »
« Harry collecta des doigts, une fois de plus, avec Malfoy. ‘Pourquoi elle ne m’en a jamais parlé ?’ Elle se volatilisa. Ensuite, Ron et Harry le remarquèrent, ce qui était presque bien. »
Ne cherchez pas, cela n’a ni queue ni tête. Là ou l’IA du scénario avait presque réussi à faire des phrases de dialogue « cohérentes » si elles étaient prises une par une, l’IA fan d’Harry Potter est « presque » un fiasco, car au moins, elle nous fait rire. Entre le Harry contorsionniste et collecteur de doigts et Dumbledore qui déboule de derrière un gâteau à la crème, les personnages principaux ont changé. En réalité, l’IA n’est même pas capable de faire la différence entre les personnages, si bien que certains discutent avec eux-mêmes…
Pour lire l’intégralité du chapitre de l’absurde en anglais, c’est ici.
5. Quelle créativité pour les robots ?

L’IA écrivain n’est donc pas pour demain. La méthode d’apprentissage de l’écriture est commune à toutes ces IA : elles assimilent le plus possible et tentent de produire un patchwork plus ou moins cohérent de ce qu’elles ont appris. La créativité d’une IA est donc proche du néant. Elle est incapable de générer un contenu original à proprement parler, il s’agit plutôt d’imitations et de découpages/collages. Mais Google est sur le coup ! L’entreprise dit vouloir créer le premier robot créatif. Pour cela, il a réuni une équipe de chercheurs baptisée Magenta. Si le but premier de cet IA est de créer des œuvres d’art imagées ou musicales capables de toucher la sensibilité des êtres humains, nul doute que Google tentera vite d’en faire un auteur. En juin dernier, Magenta a ainsi sorti sa première mélodie, on vous laisse juger :
Moralité : les seuls qui peuvent se faire du souci sont les dadaïstes.
Louise Ratineau
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