
Ma maison c’est… #7 Les Éditions de l’Inframonde
La SJE a rencontré Fanny et Corentin, (bientôt) fondateurs des Éditions de l’Inframonde, et leur a posé quelques questions. La maison n’est pas encore officiellement créée, mais c’est en très bonne voie ! Nos futurs éditeurs ont d’ailleurs décidé de partager leur expérience de création d’entreprise dans un podcast très intéressant, Les Chroniques de l’Inframonde.

Que sont les Éditions de l’inframonde ?
Fanny : Les Éditions de l’Inframonde, c’est une maison en gestation, dans laquelle nous voulons publier de la non-fiction, qui puisse nourrir les réflexions et les savoirs autour de l’imaginaire. Nous aimerions publier des ouvrages de recherche sur les cultures de l’imaginaire en général, puisqu’il est compliqué de focaliser uniquement sur la littérature.
Corentin : Nous sommes aussi intéressés par des ouvrages d’amateurs éclairés. Nous avons, par exemple, démarché des auteurs de littérature de l’imaginaire pour savoir s’ils étaient intéressés par le fait de revenir sur leur expérience du sujet.

Quels sont vos parcours ?
Corentin : Après un bac et une prépa littéraires, j’ai fait un Master de recherche en littérature générale et comparée. La fin de ce master a été laborieuse et j’ai décidé de me réorienter. Après avoir été refusé deux fois de suite par le Master de Rennes 2 pour manque d’expérience, j’ai décidé de faire un an de stages. Deux mois aux Éditions du commun (Rennes), deux mois à la librairie-éditions Critic (Rennes), bénévole-stagiaire dans des salons, libraire à Japanim (Rennes) et à La Nef des Fous (Rennes). Ensuite, Benjamin Roux des Éditions du commun est revenu vers moi pour me proposer de réaliser un podcast pour cette structure dans le cadre d’un service civique. Est né le podcast « Les mécaniques du livre ». J’ai rejoint aussi cette année-là le podcast Ludologies. Après cette année riche, j’ai postulé de nouveau dans le Master de Rennes 2 et j’ai été pris directement en M2 ! Pendant mon M2, je continuais le podcast, on montait également le premier colloque du Laboratoire des Imaginaires (association supportant les jeunes chercheurs travaillant sur les cultures de l’imaginaire que nous co-présidons avec Fanny). C’est à ce moment que je suis allé voir Fanny pour lui proposer le projet de la maison.
Fanny : Pendant trois ans après mon bac littéraire, j’ai enchainé beaucoup de choses : femme de ménage, vendeuse, serveuse, réceptionniste d’hôtel, fille au pair, etc. À un certain moment, je me suis dit qu’il fallait que je reprenne mes études pour avoir un métier qui me plaisait. J’ai donc fait un DEUST Métiers des bibliothèques et de la documentation double cursus histoire (il n’est plus en double cursus). J’ai continué dans la voie de l’histoire jusqu’au Master de recherche en histoire des bibliothèques, au Québec. J’avais envisagé de faire une thèse puis j’ai trouvé un poste de responsable adjointe de bibliothèque à l’Université de Rennes 1. J’ai beaucoup accompagné de doctorant.es dans leurs recherches documentaires et bibliographiques. J’ai aussi aidé des amis dans de la correction ortho-typographique. Je faisais de la gestion de projet, gestion d’équipe, etc. Ensuite, j’ai travaillé à la bibliothèque des Champs Libres (Rennes). Je suis actuellement en reconversion professionnelle avec pôle emploi, j’effectue un bilan de compétences. Je veux me former à des compétences nouvelles hors édition, en gestion ou en informatique, pour avoir une sécurité.
Comment préparez-vous votre projet ?
Fanny : Tout d’abord, il est important de se connaitre et de savoir comment on travaille le mieux. Concrètement, pour la maison, on se voit deux fois par semaine en moyenne et on se répartit des tâches que chacun fait quand il peut dans la semaine. Nous utilisons beaucoup la plateforme Discord pour travailler à distance. On travaille officiellement sur le projet depuis septembre.
Quelles difficultés rencontrez-vous ?
Fanny : J’en vois une tout de suite, le côté juridique et administratif. Je trouve que c’est très compliqué de trouver des informations claires sur les formes que peuvent prendre une entreprise, sans jargon juridique incompréhensible. On nous dit également qu’il existe beaucoup d’aides disponibles pour la création d’entreprise, mais il est difficile de les trouver.
Corentin : Avant tout, nous sommes conscients de la chance que nous avons de pouvoir prendre notre temps pour travailler le projet et d’être soutenus financièrement par notre entourage. L’argent, c’est une difficulté qui ne s’est pas encore imposée à nous parce que la maison n’est pas créée, mais elle arrivera plus tôt qu’on ne le pense. Nous avons envisagé plusieurs solutions de financement, mais concrètement on part de 0. Quand on crée une maison, tout coûte de l’argent et on veut pouvoir rémunérer les personnes avec qui on travaille.
Êtes-vous aidés par des acteurs extérieurs ? (Structures d’incubation, associations, etc.)
Corentin : Oui, nous sommes soutenus par l’incubateur porté par Argyll, jeune maison d’édition rennaise, qui nous aide pour l’élaboration de notre ligne éditoriale ainsi que pour la gestion du projet. Ensuite, de manière plus officieuse, les Éditions du commun qui ont évidemment beaucoup influencé ma façon de penser, pour ma part.
Fanny : Avoir des gens transparents et qui osent mettre leurs chiffres sur la table, c’est très important. Nous trouvons d’ailleurs bien dommage que parler d’argent soit mal vu en France.
Avez-vous déjà des auteur.rices ? Comment les avez-vous trouvé.es ?
Fanny : Ce sera le sujet de notre prochain épisode ! On a un réseau de contacts via le Laboratoire des Imaginaires. Par ce biais-là, nous avons un manuscrit sur lequel nous travaillons déjà. Nous démarchons également auteur.rices et jeunes chercheur.euses. Sinon, nous avons aussi démarché des maisons d’édition pour leur expliquer notre ligne éditoriale et leur demander si dans leurs manuscrits refusés ils pensaient avoir quelque chose pour nous.
Pourquoi avoir choisi le podcast pour communiquer ?
Fanny : Nous sommes tous les deux issus du podcast et, personnellement, j’ai co-fondé l’association Studio Dilettante qui aide les projets de podcasts. Je pense que c’est le meilleur média d’expression populaire qu’il puisse y avoir. Je trouve que c’est un support génial et je ne voyais pas d’autre moyen de communication pour la maison. J’aime le contact avec les gens et je suis bavarde, beaucoup plus à l’aise à l’oral. Et l’avantage, c’est que ça pallie le manque de contact que je ressens dans l’édition : on a de nombreux retours sur le podcast, avec des messages très encourageants.
Corentin : Il fait donc partie de notre plan de com. Nous sommes présents sur les réseaux sociaux et nous allons peut-être mettre en place une newsletter qui accompagnera le podcast.
Quel conseil donneriez-vous à quelqu’un qui veut monter sa maison d’édition ?
Corentin : Écouter les Chroniques de l’Inframonde, bien entendu ! 😉 Sinon, vous pouvez aller écouter Les Mécaniques du livre (dont nous vous avions déjà parlé sur le site). Faites aussi attention à ce qui se fait déjà sur l’environnement éditorial dans lequel vous voulez vous lance, c’est toujours très utile.
Fanny : Se donner les moyens de l’échec, ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier et avoir une solution de repli, faites attention à vous mais gardez votre passion ! Et surtout, ne pas hésiter à aller toquer à la porte des gens, il faut oser rencontrer les professionnels de votre milieu.
Merci à Corentin et Fanny pour toutes ces réponses très complètes ! Si jamais vous en avez d’autres, n’hésitez pas à aller leur en parler, ils seront ravis de discuter avec vous.
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