
Petit portrait pro #25 : Coline Rouge, éditrice et correctrice freelance
Aujourd’hui, nous vous présentons Coline Rouge, jeune éditrice, correctrice et rédactrice freelance, qui vous inspirera sans doute si vous souhaitez vous lancer en indépendant.e !
Peux-tu présenter ton parcours en quelques mots ?
Les mots et la littérature m’accompagnent depuis toujours, m’épanouir professionnellement, c’était un vrai challenge pour moi, c’est pourquoi j’ai foncé tête baissée à l’époque dans les métiers du livre. Voilà maintenant plus de dix ans que je travaille dans le secteur de l’édition. À l’occasion de mon Master édition-communication, j’ai eu la chance de trouver un stage puis une alternance dans une maison d’édition spécialisée dans le cinéma, puis j’ai poursuivi mon expérience toujours dans le domaine de l’art et du spectacle en travaillant pour L’Arche éditeur . J’avais observé à l’époque la grande difficulté pour les petits éditeurs·rices indépendant·e·s de se faire (bien) diffuser et je me suis prise de passion pour le sujet, cherchant ici et là des solutions alternatives pour faire exister leurs catalogues. Cet engouement m’a poussé à participer à de nombreux salons du livre de manière à observer aussi comment se joue la rencontre entre un livre et son lectorat. Début 2018, souhaitant me rapprocher davantage de la création du livre et des auteurs·rices, je me suis installée en freelance en tant qu’éditrice, correctrice et rédactrice de contenus. Je travaille régulièrement avec de nombreux éditeurs·rices différents (secteurs et genres variés), des auteurs·rices, des illustrateurs·rices et suis en mesure d’intervenir à chaque étape de la création de l’objet livre (du manuscrit au BAT). Je produis également du contenu pour le web en tant que rédactrice et je participe à des projets de communication digitale. En 2021, j’ai validé mes compétences de correctrice en suivant une formation complémentaire de correctrice-relectrice, je suis désormais diplômée de l’EMI ! Mon métier est une vraie passion !
Quel est ton domaine de prédilection, qu’apportes-tu à tes clients ?
Je n’ai pas de domaine de prédilection en particulier, puisqu’étant prestataire au service des professionnels de l’écrit, je suis amenée à toucher différents types de projets. Cela dit, je travaille régulièrement sur des livres pratiques et techniques, des essais, des romans, des polars, des revues d’art, etc. Rigoureuse et appliquée, en tant que correctrice, je développe mon œil de lynx au quotidien pour ne rien laisser au hasard ! Pour les éditeurs·rices, lorsque je gère tout le suivi éditorial, je dirais que j’apporte surtout une méthodologie de travail, un regard neuf sur quelque chose d’existant. Quant à l’accompagnement des auteur.trices, c’est plutôt une expertise que je suis capable d’amener, une approche personnalisée et surtout une autonomie dans ce vaste monde que représente l’édition.
Pourquoi as-tu choisi d’être éditrice en freelance plutôt que salariée ?
Justement, très bonne question ! J’ai longtemps été salariée, à chaque fois bien sûr pour une maison en particulier. Pleine de curiosité, j’ai toujours travaillé en parallèle sur des salons, bien souvent pour d’autres maisons d’édition, cela me permettait de varier les plaisirs, les genres de livres, et les « différentes écoles ». C’est si différent d’une maison à l’autre ! J’ai découvert le statut original de digital nomad lors d’un long séjour à l’étranger, en rencontrant notamment une journaliste allemande, en train de réaliser un tour du monde tout en travaillant pour la presse quotidienne ! À mon retour, j’ai pris conscience de cette volonté profonde de travailler à la fois pour plein de maisons d’édition différentes et selon ma propre organisation spatio-temporelle, alors je me suis lancée sans hésiter !
Quelles sont les démarches administratives pour devenir freelance ?
C’est relativement simple aujourd’hui pour obtenir le statut de micro-entrepreneur. Il suffit de s’inscrire sur le site, de déclarer son chiffre d’affaires (par mois ou par trimestre) et de payer ses cotisations sociales à l’Urssaf. Il faut surtout bien gérer sa comptabilité tous les mois et créer un système de devis-facturation simple. L’avantage dans nos métiers, c’est qu’un ordinateur et deux-trois logiciels suffisent pour travailler et commencer son activité.
Comment se passe le démarchage des clients ? Comment se démarque-t-on de la concurrence (il y a beaucoup d’éditeurs·rices freelance…) ?
De mon côté, le démarchage se déroule bien, d’abord parce que j’ai longtemps été salariée avant de créer ma propre structure, ce qui m’a donné de l’expérience, de l’expertise et un réseau. Ce dernier point est fondamental. En 2018 et 2019, j’avais deux activités principales : éditrice, rédactrice et correctrice d’un côté, et libraire volante sur des salons, de l’autre. Fin 2019, j’ai créé mon site internet de toutes pièces ; ce qui m’a permis aussi de trouver des projets en parallèle. En 2020, avec la crise sanitaire, nous avons tous·tes dû nous réinventer en quelque sorte, ce que j’ai fait en proposant mes services davantage aux particuliers, qui sont aussi venus me chercher via internet. Linkedin est un moyen indispensable pour se faire connaître. Se démarquer de la concurrence ? Oui bien sûr, et en même temps, ce en quoi je crois le plus, c’est le fait de travailler avec beaucoup de professionnalisme et de rigueur, de fidéliser sa clientèle et le bouche-à-oreille coordonne la suite…
À quoi ressemble ta journée type ? Comment t’organises-tu pour gérer des tâches parfois très différentes ?
Je dois avouer que mes journées ne sont pas de tout repos ! Je n’ai pas de journée type étant donné que je travaille sur des projets très variés, mais je fais en sorte d’organiser mon temps pour avoir des plages horaires longues que je dédie à des projets de réécriture, correction, et des plages horaires plus courtes lorsque cela concerne de la gestion ou de la coordination de projet. Je fais en sorte aussi de garder du temps pour lire le plus possible, car cela fait partie de mon métier.
Qu’est-ce que tu aimes le plus dans ton statut de freelance ? Et le moins ?
Ce que j’aime le plus, c’est le fait de pouvoir organiser totalement mon temps (travail, rendez-vous) comme je le souhaite. Je suis consciente que c’est un vrai luxe. Bien sûr, je ne fais pas partie d’une équipe à proprement parler, mais j’apprécie retrouver les éditeurs·rices ou auteurs·rices pour un déjeuner professionnel. Pendant la crise sanitaire, j’ai préservé mes contacts et mon réseau en organisant des cafés en visio. Tous ces rendez-vous informels sont souvent d’une grande richesse, on peut échanger sur les outils pratiques à utiliser dans nos métiers, débattre de sujets ou projets, etc. Le plus important je pense aujourd’hui, en tant que freelance, c’est de faire partie d’un collectif, c’est pourquoi j’ai rejoint récemment Hubl, un réseau d’apport d’affaires entre indépendants.
Quels sont tes projets pour l’avenir ?
Dégoter toujours plus de projets et travailler avec de nouveaux éditeurs·rices, car je ne me lasse pas de découvrir de nouvelles productions.
J’ai un doux rêve (qui n’en a pas ?!!), celui de créer un lieu qui mêlerait livres / bonnes victuailles à déguster / musique, etc. Une bulle de culture dans un endroit où cela manquerait. Vaste programme, pour l’heure, j’espère poursuivre mon activité au mieux sans jamais quitter les livres des yeux !
Quels sont les conseils que tu pourrais donner à ceux qui voudraient être à leur compte ?
Tout d’abord, je pense qu’il est fondamental de se poser au départ au moins trois questions : ai-je vraiment envie d’être à mon compte ? Suis-je assez rigoureux·se pour me lancer en freelance ? Ai-je déjà un (petit) réseau pour débuter ?
J’aime bien dire qu’être en freelance, c’est toujours « être sur le pont », être prêt·e à répondre à des demandes très diverses et à travailler sur un maximum de prestations de manière à pouvoir en vivre. Être en freelance aujourd’hui peut faire rêver, mais il ne faut pas oublier qu’on est seul maître à bord et que la « liberté » a toujours un prix !
Vous pouvez suivre Coline via son site web et son linkedIn. Elle vous présente également son travail en vidéo !
Autrices : Coline Rouge & Juliette Beau
Photographe : Victoria Lin
Vidéaste : Zulma Rouge
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