
Le livre numérique : une génération hybride pour une meilleure transition
À toutes les époques de l’évolution du personal computer, le livre dématérialisé a été au cœur des mécanismes, des rouages ayant donné naissance aux protocoles internet et à l’usage qu’on a aujourd’hui du web. Et étonnamment, même si le constat est fait, KPMG remarquait encore fin 2014 que 94% des éditeurs avaient conscience de l’importance des métadonnées et des ressources numériques, mais aussi que 77% de ceux-ci n’avaient aucune idée des moyens à mettre en place pour les développer, malgré l’implication de la CLIL (Commission de Liaison Interprofessionnelle du Livre) pour aplanir le champ de recherche et normaliser les formats.
Il faut cependant observer le monde du livre numérique comme un espace sans frontière, où l’auto-édition a trouvé son couronnement à l’autel de l’horizontalité communielle dans l’ombre cauteleuse d’une uberisation de la littérature… pour ceux qui sont fâchés avec le changement. Sous le jour de cette ligne d’horizon qui se replie sur nous, observons l’exacte rectitude de la situation technologique : depuis 2015, l’epub 3 gagne en importance et ses possibilités multimédia ont poussé Hachette à fournir une nouvelle fois son équipe R&D afin de ne pas voir s’anémier sa poule aux œufs d’or, l’enseignement. Amazon, et son fameux Lab126 sont effectivement déjà en train de chercher à acter la mort de l’epub 2 (livre numérique sans CSS, c’est-à-dire où seul le texte apparaît à l’écran), alors que l’epub 3 l’intégrait.
L’idée était que, jusqu’à maintenant, la dernière génération d’epub avait assimilé la précédente afin de ne pas susciter une perte de secteur. Une hybridation salutaire, si l’on peut dire. Mais grâce au livre enrichi et au successeur de l’epub 3, de nombreuses interrogations pour ceux étant passés à côté des signaux faibles d’un changement de paradigme au pays des livres numériques s’imposent. Les problématiques de fixed-layout (principe d’adaptabilité en fonction des différents formats) n’ont jamais été aussi prégnantes dans le traitement du texte et de ses composantes graphiques et audiovisuelles.
Des questions se posent également au regard du changement de posture de l’utilisateur qui, trop longtemps mis à distance de l’objet multimédia, profite d’une nouvelle opportunité d’interagir avec des contenus jamais observés de la sorte auparavant. Nos chérubins, fraîchement arrivés dans les classes primaires, peuvent aujourd’hui s’initier à l’art en zoomant sur des pigments d’œuvres qui n’ont, à aucun instant historique antérieur, pu être observés, y compris par les artistes eux-mêmes. Un balbutiement, nous l’aurons compris, puisque la voie est ouverte et les opportunités de développement semblent surpasser les prérogatives actuelles d’un epub 3 encore trop discret, à force de traîner avec lui un autre format qu’on considère, à tort, comme son prédécesseur.
Aujourd’hui la course est lancée, et même si Scribd accuse le coup dans un début d’année difficile (à tel point que la plate-forme a dû retirer son offre d’abonnement phare), tous les éditeurs traditionnels semblent vouloir se lancer dans la course à l’interactivité, au numérique, bref, à l’epub3/2. Albin Michel, France Loisirs, Gallimard, et même Rue des Écoles, en ce premier semestre 2016, embrayent pour la première fois dans la direction du livre électronique, de quoi réjouir les digital natives !
L’ère du tout multimédia est actée, mais comme un média n’en chasse jamais un autre, pourquoi trembler qu’ils se réunissent ?
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