
Ma maison c’est… #8 Les éditions Les Etaques
En 2022, la SJE a organisé un prix littéraire des jeunes maisons d’édition de moins de 5 ans. Le premier prix a été remporté par Sortir d’ici de Fabien Drouet publié par les éditions Les Etaques dont les fondateurs ont été interviewés par Sandy Bory.
S. – Racontez-nous l’histoire des éditions Les Etaques, comment tout cela a commencé ?
Les Etaques – Nous avons publié nos premiers livres en 2018, après plusieurs années de travail sur la création de notre maison d’édition et les premiers ouvrages publiés. Nous éditons des romans/récits, des essais, de la poésie. Nous sommes un groupe d’amis ayant participé pendant de longues années à un journal indépendant nommé La Brique. Après avoir respectivement quitté le journal chacun notre tour pour des raisons X ou Y, nous avions toujours envie d’œuvrer politiquement ensemble. Créer Les Etaques a été le moyen de concrétiser ce désir de continuer à lutter autour de questions qui nous semblent centrales dans les enjeux sociétaux actuels.
S. – Avez-vous bénéficié d’aides pour la création de votre maison d’édition ?
Nous n’avons bénéficié d’aucune aide à la création au lancement de notre activité, ni financière, ni d’une autre nature.Par contre nous avons aujourd’hui autour de différents ouvrages, le soutien de la Région des Hauts de France et du Centre National du Livre.
Nous sommes également désormais membres de l’association des éditeurs indépendants des Hauts de France, qui nous apporte ses lumières sur des sujets techniques, juridiques et encourage notre activité avec des formations et des évènements littéraires notamment.
S. – Comment définiriez-vous votre ligne éditoriale ?
L.E. – Nos livres oscillent entre entre critique sociale et imaginaires subversifs. Nous souhaitons porter des paroles qui vont à contre courant des discours dominants, et donner à voir le point de vue des dominé/es. Nos livres abordent des thématiques comme l’urbanisation, la gentrification, le racisme, les discriminations, les violences policières, les quartiers populaires, l’immigration, l’exploitation des travailleurs migrants, etc. Notre catalogue est en ligne sur notre site Internet. Nous travaillons essentiellement avec de jeunes auteur/es, avec un positionnement que nous voulons très professionnel, tout en étant une équipe de parfaits amateurs et de complets bénévoles de notre coté !
S. – Qu’avez-vous ressenti en lisant le manuscrit de Fabien Drouet ?
L.E. – Fabien a une écriture très accessible, chose à laquelle j’accorde une importance primordiale. Ses mots sont simples, clairs, directs. La forme de ces écrits est aussi très naturelle, il y a beaucoup de prose et peu de rimes finalement, cela n’est jamais forcé et sans constructions alambiquées qui rendraient difficiles la lecture ou la perception du sens. Des poètes cachent parfois la pauvreté de leur inspiration ou de leurs sujets avec des mots compliqués et des formes abstraites, parce que, « ça va faire poésie ». Fabien, c’est tout l’opposé. Avec ces mots transparents et son langage courant, il nous emmène dans son monde, sur la trace de ses pas, pour nous faire plonger dans sa tête, ou nous transporter à tel endroit du monde. Tout cela à l’air d’une grande facilité, ça ne l’est pas. Il travaille et réfléchit intensément. Fabien a un regard affûté, intelligent, sensible. Et un certain talent pour mettre tout cela en scène et transcender ce qu’il voit ou ce qu’il vit en poésie. Par-dessus tout, on ressent également sa profonde humanité. C’est tout cela qui m’a touché. Mais je pourrais parler de Fabien des heures durant, le mieux c’est encore de le lire !
S. – Que pensez-vous de la poésie comme potentiel accompagnement thérapeutique, que les mots peuvent panser les maux ?
L.E. – Disons que pour moi l’écriture n’a aucun monopole, même si je suis exactement passé par cela moi-même. Pour certaines personnes ce sera la peinture, la sculpture, la gravure, la musique, le sport, la famille. Tout peut être thérapeutique en ce monde, pour peu qu’on trouve ce qui nous sauve et nous élève. Le tout est de trouver son élément. Je ne crois pas pour autant que cette fonction soit la seule qu’on puisse accoler à nos pratiques, quelles qu’elles soient. Panser ses maux, les maux des autres, pourquoi pas, oui. Mais je crois que nos pratiques nous emmènent plus loin que cela. Pour moi, l’écriture est un outil de réappropriation du monde, du réel, et de notre capacité à agir. L’écriture est une arme. C’est un outil d’émancipation et de libération. Mais si l’écriture a une place particulière dans nos sociétés, elle n’a pas non plus le monopole de ce potentiel révolutionnaire.
S. – Que réserve 2022 pour vos projets ?
L.E. – 2022 est déjà bien entamée pour Les Etaques, puisque nous venons de sortir quatre livres. Nous sommes en ce moment en pleine préparation de plusieurs tournées promotionnelles. Nous devrions faire le tour de pas mal de librairies et de salons. Nous sommes très attachés à faire vivre nos livres en tournant avec nos auteur/es pour faire des présentations et des lectures. Rencontrer un/e auteur.e, faire un livre, sont des étapes importantes. Porter les idées qui les constituent est une tâche tout aussi grande à laquelle nous aimons nous dévouer. L’année 2022 va donc être beaucoup consacrée à cela et puis faire tourner plus largement les titres de notre catalogue. Nous allons aussi mener une réflexion sur nos attentes et nos souhaits pour 2023. Nous avons d’ores et déjà un projet poésie qui est en bonne voie avec Laurent Bouisset. Je suis très enthousiaste par rapport à cette perspective mais il faudra patienter jusqu’en 2023 pour lire ce prochain recueil de poésie des Etaques.
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