Ma maison c’est… #6 Mon autre France

Ma maison c’est… #6 Mon autre France


Née en janvier 2020, Mon autre France est une maison d’édition traitant exclusivement de l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon. Caroline, fondatrice de la maison, a accepté de répondre à nos questions pour nous faire découvrir son entreprise, sa création et son catalogue.

Saint-Pierre et Miquelon est un territoire français, assez peu connu, de 242 km2. Il se situe en Amérique du Nord.

L’idée ici était d’être à disposition des auteurs locaux ou ceux qui traitent de l’archipel. Le but est de faire connaître l’archipel, via les auteurs ou les ouvrages. Pourquoi Saint-Pierre et Miquelon ? Descendante de Saint-Pierre et Miquelon par sa grand-mère, Caroline a eu comme un « appel du caillou », alors que sa vie était en métropole. Elle tout quitté (sauf son mari !) pour répondre à cet appel et s’est installée sur l’archipel qu’elle affectionne tant.

Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a décidé à lancer votre maison ?

Pendant 20 ans, j’ai été journaliste reporter d’images, « reporter de guerre » dans le langage commun. J’étais dans la marine nationale, en tant que militaire, avec un rôle très polyvalent : je pouvais faire du reportage vidéo, papier, réaliser des films pédagogiques ou d’actualité. Je suivais toutes les missions de la marine nationale. J’ai notamment effectué des missions en sous-marin, chasseur de mines, frégate, etc. J’ai ensuite démissionné pour me lancer dans le monde de l’entreprise. La transition fut très compliquée du militaire au civil. Je suis passée de la vie collective permanente à l’individualisme total. Par ailleurs, dans les différents jobs que j’ai eus par la suite, j’ai toujours eu cette envie de cohésion, l’esprit d’équipe ne m’a pas quittée. Je suis devenue auto-entrepreneure en agence de communication plutôt pour des associations. Puis, j’ai créé avec mon mari un journal de presse sur le sport militaire international bilingue. C’est ainsi que j’ai commencé à toucher aux mondes de la presse et de l’édition, qui sont très proches. Je suis autodidacte, j’apprends et je cherche en permanence. Enfin, j’ai été collaboratrice d’élu dans le Nord-Pas-de-Calais : reportage, rédaction de discours etc.

En 2018, les premiers vols directs vers Saint-Pierre et Miquelon ont été créés. Nous y sommes allés en vacances, un havre de paix s’est offert à nous. Et c’est à ce moment-là que j’ai pris conscience du nombre d’artistes à Saint-Pierre et Miquelon. Il fallait jouer la carte de la culture à Saint-Pierre et Miquelon.

« Je trouve qu’ici, on s’est acheté du temps. »

Quel genre de difficultés rencontrez-vous/avez-vous rencontré ?

Tout d’abord, quand vous créez votre entreprise, on vous conseille de mener une étude de marché. La mienne fut très compliquée à réaliser. J’ai passé beaucoup de temps à éplucher la bibliothèque municipale, pour voir ce qui existait déjà. Il y a environ 2 000 ouvrages publiés à Saint-Pierre et Miquelon, mais la plupart a été éditée en auto-édition, sans forcément de dépôt légal. J’ai donc continué par une véritable enquête de terrain, durant laquelle j’ai rencontré un artiste, professeur d’art plastique, qui a publié des livres à Saint-Pierre et Miquelon en tant qu’éditeur, grâce à différentes aides et subventions. Il a été une vraie ressource pour mon projet et était « ravi que quelqu’un prenne le flambeau ». « Tous les astres étaient alignés ». Je me lance, mais ici c’est nouveau. C’est la France mais ce n’est pas la France, niveau fiscalité par exemple. Il n’y a pas d’informations sur le Centre National du Livre. Saint-Pierre et Miquelon est une collectivité territoriale.

« Le seul éditeur de Saint-Pierre et Miquelon, qui partait à la retraite, était ravi que quelqu’un reprenne le flambeau. Tous les astres étaient alignés. »

Avant de me lancer, j’ai déambulé dans les salons du livre, à la rencontre des éditeurs, des imprimeurs et tous les acteurs de la chaîne du livre. Je recherchais les personnes ressources qui pouvaient m’aider dans un démarrage de maison d’édition. J’y ai fait la rencontre d’un imprimeur breton, Typo Libris, venant de Saint-Brieuc, qui est devenu mon imprimeur. Il fait partie du programme La Clairière des Livres : 1 livre édité = 1 arbre planté en forêt de Bretagne. Moi qui voulais du made in France, c’était parfait.

La difficulté ensuite était de trouver des auteurs. Il faut une confiance de leur part pour se lancer avec vous. Pour beaucoup de gens de Saint-Pierre et Miquelon, il fallait payer pour être édité. Pauline Rousseau est la première à m’avoir fait confiance, je l’ai trouvée sur Instagram et Facebook. Elle a permis de créer Eaux en couleurs, le premier titre de Mon autre France. Pour la direction artistique, je suis accompagnée par Claire Bracq, qui est une professionnelle en métropole.

Il y avait aussi la difficulté d’être loin de son imprimeur, je n’ai pas d’échantillon de papier, de couverture etc. Heureusement, une relation de confiance avec l’imprimeur s’est installée, il me conseille sur les types de papier.

Le transport est aussi un problème parce que les livres sont imprimés en métropole et acheminés ensuite jusqu’à Saint-Pierre et Miquelon avec des frais, puisque je n’ai pas de lieu de stockage en métropole. De plus, entre le moment où les livres partent en impression et celui où je les reçois, il se passe trois mois.

Le confinement, évidemment, a été un énorme frein pour la production.

Comment se compose votre catalogue et à qui s’adresse-t-il ?

Un album de coloriage
Un album jeunesse sous la forme d’un cahier de vacances
Une pièce de théâtre
Un recueil de lettres imaginaires
Un carnet de voyage 

Il n’y a pas un public cible parce que le catalogue est très différent.

La première publication de Mon autre France.

Comment votre communication se fait-elle ?

J’avais un plan de communication établi en amont, c’était nécessaire. Je savais que j’allais être présente sur tous les réseaux. À chaque réseau sa cible : Instagram, Facebook, YouTube et Pinterest pour les lecteurs, LinkedIn plutôt pour le réseau professionnel. Je suis donc active sur les réseaux sociaux, où je poste du contenu le plus souvent possible. Je me suis mise aussi à la vidéo. J’ai des contacts avec la presse pour avoir des interviews, j’espère bientôt de plus en plus avec la métropole.

Quelles sont les nouveautés à paraître ?

Pour l’instant, une seconde pièce de théâtre est prévue pour constituer une collection théâtre de Saint-Pierre et Miquelon. J’ai également le projet de continuer la jeunesse parce que la première publication a fait fureur d’une part, et d’autre part je me suis prise au jeu de l’écriture des aventures de Macao.

Et enfin, des conseils pour ceux qui voudraient créer leur structure ?

Je prône la richesse du réseau. Vous pouvez être riche de relations. » Je vous conseille d’être entouré de personnes ressources, d’un réseau, et de ne pas hésiter à l’utiliser ! Si vous ne posez pas de question, ce sera forcément non, alors que si vous osez, vous finirez à un moment par avoir en face de vous quelqu’un de réceptif. Pour les jeunes créateurs, il y a beaucoup de choses mises en place. Et pour les jeunes femmes également.

Nous remercions vivement Caroline pour ces réponses très inspirantes. N’hésitez pas à aller faire un tour sur le site et les réseaux sociaux de la maison Mon autre France, il y en a pour tous les goûts !

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